J’ai vécu le harcèlement scolaire quand j’étais au collège. La série TV « 13 reasons why » a réveillé ce sujet que j’avais enfoui en moi. Je peux désormais partager mon expérience.
Voici mes 13 raisons de parler du harcèlement scolaire :
1. Parce que la rentrée a eu lieu il y a peu et que c’est un phénomène de plus en plus courant sur lequel il faut mettre des mots.
Vous êtes peut-être Tatie (comme moi) ou bien Maman ? Vous travaillez peut-être dans l’univers de l’enseignement ? Cela concerne tout le monde. Car les enfants représentent l’avenir et s’ils sont brisés dès leur enfance, ils auront plus de mal à trouver leur voie par la suite. Il est donc essentiel de se rendre compte que le harcèlement scolaire n’est pas un mythe…
1,2 million d’élèves harcelés à l’école !
C’est le constat alarmant dressé par l’UNICEF et l’Observatoire international de la violence à l’École dans un rapport paru en 2011, consultable sur le site de l’UNICEF.
Le harcèlement physique concerne 5,1% des élèves : coups, bagarres, vols et rackets, enfermement forcé, gestes déplacés…
Le harcèlement psychique touche 8% des élèves. Qu’il soit verbal ou symbolique, le harcèlement moral se décline en trois types :
– verbal (insultes, menaces, rumeurs)
– émotionnel (humiliation, chantage, mise à l’écart)
– sexuel (provocations sexuelles verbales, menaces de violences sexuelles)
Il s’agit donc d’une réalité.
2. Parce que les réseaux sociaux aggravent la situation.
Le cyber-harcèlement touche plus souvent les filles sur Internet, alors que les garçons se disent plus souvent victimes de harcèlement par téléphone portable. Les nouvelles technologies de communication sont autant de relais qui permettent aux insultes et menaces de continuer à atteindre la victime même à la maison. Le cyber-harcèlement peut prendre de multiples formes : intimidations, insultes, propagations de rumeurs en lignes…
Quand on y réfléchit bien, il est facile de voir à quel point le rapport à l’autre est déshumanisé avec les réseaux sociaux. La souffrance de la victime n’est pas vue par le harceleur, et c’est ce qui lui permet d’aller de plus en plus loin… Pas d’empathie possible puisqu’il n’y a aucun échange de regard. Le harceleur lance son insulte ou son humiliation, sans se mettre un instant à la place de la personne visée.
En plus, c’est une chose d’être harcelé par une personne, c’en est une autre de l’être par 5 personnes approuvées par 5 autres personnes à chaque fois. Et malheureusement, les réseaux sociaux permettent de tout démultiplier? Cela peut prendre une ampleur inimaginable très rapidement.
3. Parce que suis passée par là.
Il y a maintenant plus de 10 ans, j’étais une collégienne qui se cherchait. J’étais une « tête », comme on dit, à cause de mes bonnes notes. Vous savez comment c’est à cet âge, on a tous une étiquette et moi on avait du mal à me la coller sur le front parce que j’étais une « tête » qui ne se prenait pas la tête, au contraire, et qui trainait aussi avec les « cool ».
Avec le recul je me dis que je devais déranger certainement… Prise pour cible, une bande de filles a été impitoyable avec moi : je les avais surnommé les « 3 M » (mais elles n’étaient pas les seules, elle étaient à la tête d’un petit empire). Elles me harcelaient en me laissant des mots humiliants sur mon « blog » de l’époque. J’avais également mon sacro-saint agenda (que l’on se faisait passé dans les rangs à l’époque et où mes ami(e)s m’écrivaient.) Elles me l’ont volé et saccagé de mots tous plus horribles les uns que les autres. Ce n’était que le début, chaque jour je retrouvais des mots dans mon sac de cours… Cela a duré plus de 6 mois.
« T’es moche. », « Trop laide », « Personne ne t’aime », « Tu ne sers à rien ». On m’avait appris que l’ignorance est le meilleur des mépris. Donc, je les ignorais. Je ne voulais pas me laisser avoir. De toute façon « c’était pas grand chose », c’est ce que je me disais.
J’ai pourtant fini par les croire.
Quand on a 14 ans, ça ne pardonne pas. Tellement de choses se jouent à ce moment là. J’ai perdu toute confiance en moi.
Mes notes ont baissé, mes sourires se faisaient de plus en plus rares, je me renfermais sur moi-même. Moi qui suis un pitre depuis petite, cela a alerté mes parents et Warren (mon mari aujourd’hui). Ils ont rapidement réagi dès qu’ils ont su mais le mal était déjà fait. Les mots de ces filles étaient devenus miens et ils résonnaient dans ma tête.
Ne pas croire en soi, ne pas aimer son corps… mais ne pas le montrer. Seulement l’écrire. C’est ce que je faisais régulièrement dans les pages de mon journal intime. Aujourd’hui quand je relis ces pages, c’est avec effroi. J’étais si dur envers moi-même. J’étais devenue pire que les « 3 M » : ma pire ennemie.
C’est mon histoire.
4. Parce que ça vous concerne peut être.
Peut-être que mon histoire ressemble à la votre car nous sommes beaucoup à être passé(e) par là. Vous n’êtes pas seule. J’ai écrit cet article pour éveiller quelque chose en vous. Il est important de tourner la page et de se construire plus forte encore.
5. Parce que ça concerne ou a sûrement concerné l’un de vos proches.
Cette histoire vous parait dérisoire ? Elle a pourtant eu de terribles conséquences. Et si cela concernait l’un de vos proches ?
6. Parce que les effets du harcèlement scolaire peuvent être dévastateurs.
La plupart des victimes en portent encore des traces bien après leur enfance, comme le suggère l’étude publiée dans le journal Psychological Science. Devenues adultes, les personnes qui ont été autrefois harcelées ont plus de risques d’avoir des problèmes dans leurs relations sociales que les autres. Mais aussi plus de problèmes financiers et de santé.
Concernant les troubles de la socialisation :
L’impact psychique du harcèlement est de très longue durée. Une faible estime de soi, des tendances dépressives et une vulnérabilité relationnelle acquises dans l’enfance ou l’adolescence du fait du harcèlement peuvent entraîner des difficultés d’adaptation dans le contexte professionnel, relationnel et amoureux.
Concernant les troubles psychiques :
Chez l’adulte, dépression, tentatives de suicide, phobie sociale, addictions aux médicaments ou aux drogues peuvent être liées à un harcèlement à l’école passé.
Le harcèlement à l’école est une forme de stress chronique aux conséquences parfois graves. Il ne faut donc pas le prendre à la légère, et informer parents, éducateurs et enfants.
7. Parce que je souhaite que vous soyez plus vigilants et ouvert à la discussion avec les jeunes qui vous entourent.
Il faut savoir aussi sensibiliser les enfants et les ados sur le sujet. Qu’ils soient victimes ou témoins, eux aussi peuvent réagir. Ainsi, en cas de harcèlement, l’enfant ou l’ado doit savoir qu’il peut en parler à un parent, un adulte de l’école (surveillant, professeur…) ou encore à un camarade de classe qui serait plus à même d’en parler à un adulte. Ce n’est pas un sujet à prendre à la légère et l’ignorance n’est pas la solution. Aujourd’hui je le sais avec certitude.
8. Parce qu’il y a des solutions.
Si vous êtes dans cette situation, la première chose à faire est d’avertir l’établissement scolaire et de demander un rendez-vous avec l’équipe pédagogique. Ceci permettra d’avertir les enseignants et de parler de la nature et des conditions particulières du harcèlement. Si aucune initiative n’est prise ou si le problème perdure, il faut absolument en référer aux dirigeants de l’établissement.
Sachez que le gouvernement met à disposition un numéro vert à l’attention des parents, afin de les accompagner dans leur lutte contre le harcèlement, que celui-ci se déroule à l’école (0808 807010) ou sur Internet (0800 200 000).
Vous avez également le site Internet Non au harcèlement qui est très bien fait.
Dans mon cas, j’ai la chance d’avoir des parents en or qui ont eu la parfaite réaction. Le soutien de Warren m’a aussi beaucoup aidé. De plus, l’établissement scolaire dans lequel j’étais a réagit au quart de tour et tout s’est rapidement calmé, au niveau du harcèlement du moins…
9. Parce que l’école ou le bureau, c’est parfois la même chose.
Parce que parfois c’est sur notre lieu de travail que l’on peut faire face à ce genre de problème. Et sincèrement, ne vous dites pas que ce n’est rien. Personne n’a le droit de vous traiter de la sorte alors réagissez. Parlez-en à vos proches et trouver une solution avec un manager pour que le problème cesse.
10. Parce que j’ai aussi envie de m’adresser aux harceleurs.
Si le harceleur harcèle, c’est bien qu’il y a un mal être à l’origine. En parler est la seule solution encore une fois. Rabaisser une personne pour tenter de se sentir supérieur n’est vraiment pas une solution… Si vous vous sentez visé, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Il n’y a pas de honte à se confier. Libérez-vous.
11. Parce qu’il est question de confiance en soi. L’une des clés du bonheur.
Je suis la coach qui souhaite vous rendre belle et épanouie. La confiance en soi est donc un sujet incontournable sur ce blog. J’avais vraiment envie de partager cet article pour vous dire que vous n’êtes pas seule. Et qu’il est tout à fait possible de transformer ces événements négatifs en quelque chose de puissant qui fait avancer dans la vie.
12. Parce que j’aimerais vous parler de la série « 13 reasons why ».
Inspirée des best-sellers de Jay Asher, 13 Reasons Why suit Clay Jensen, un adolescent qui découvre sous son porche au retour du lycée une mystérieuse boîte portant son nom. À l’intérieur, des cassettes enregistrées par Hannah Baker, une camarade de classe qui s’est tragiquement suicidée deux semaines auparavant. Les enregistrements révèlent que la jeune fille, dont il était amoureux, a décidé de mettre fin à ses jours pour treize raisons.
Je pense que cela peut réellement être intéressant de découvrir le point de vue de la victime, des bourreaux et des témoins.
La série traite de sujets de société encore tabous comme le harcèlement scolaire, le viol ou le suicide. Pour plus de détails.
13. Parce que j’ai pardonné mes harceleuses.
Parce que cette période de ma vie m’a permis d’ouvrir les yeux sur mes forces et mes faiblesses. Aujourd’hui, je peux remercier les « 3 M » en quelque sorte. Elles m’ont permis de me rendre compte que ce qui ne tue pas, rend plus fort et d’aller chercher toujours plus loin la lumière en moi. Elles ont aussi mis en évidence l’amour que me portait déjà Warren à l’époque et si leur démarche visait à nous séparer, c’est tout le contraire qu’il s’est passé, nous sommes soudés comme jamais depuis maintenant 16 ans.
Et si aujourd’hui, je suis en train d’écrire ces lignes en tant que coach, ce n’est pas un hasard. Je veux à tout prix vous aider à retrouver votre confiance en vous car je sais ce que c’est que d’avoir la moindre estime de soi anéantie.
En écrivant cet article j’ai retrouvé quelques photos du collège… On avait repris les mêmes juste avant de partir en Australie. Car même si j’ai vécu les pires moments durant le collège, j’en ai aussi vécu de merveilleux et je tenais à revoir mes professeurs chéris avant de partir !
Rien ne sert de ressasser, tirons des leçons de nos malheurs et transformons tout cela en quelque chose de constructif ! C’est la seule manière d’avancer.